Mon soutien à François Bayrou est en totale conformité avec mes convictions!!
Jean Arthuis, sénateur de la Mayenne et président de l’Alliance centriste, a confirmé son soutien à François Bayrou et critiqué vivement le programme de François Hollande, dans une interview accordée au journal Var Matin, vendredi 2 décembre.
Var Matin – Hervé Morin est officiellement candidat à la présidentielle. Le regrettez-vous ?
Jean Arthuis – Cette candidature était attendue. Je ne me rallie pas à sa conception de la refondation de la famille centriste qui la place politiquement d’emblée dans le camp d’une éventuelle majorité de droite. Je suis désireux de participer à la reconstruction de la famille centriste, mais je souhaite qu’elle se proclame indépendante, ce qui ne veut pas dire qu’elle ne peut pas participer à des alliances de gouvernement.
Que répondez-vous à vos «amis» de l’UMP qui vous reproche votre ralliement à François Bayrou ?
Que chacun soit en conformité avec ses convictions. Et puis je suis avant tout «Alliance centriste»… Depuis 2007, en dépit des désaccords qui ont pu surgir, je n’ai pas cessé de dire que je souhaitais une France qui réponde aux attentes des Français. J’ai bien conscience que nous traversons une crise sans précédent et l’urgence est d’apporter des bonnes réponses. J’ai soutenu le gouvernement à chaque fois qu’il prenait des positions qui me semblaient aller dans la bonne direction, mais j’ai aussi souvent été très critique sur l’ampleur des déficits publics et l’ajournement de réformes que j’appelle de mes vœux comme celle de la TVA sociale.
Comment rallier d’autres centristes à cette « Maison commune » ?
Il y a eu trop longtemps des championnats d’ego dans la mouvance centriste. Alors que sur le terrain lorsqu’on rencontre les militants du Parti radical, du MoDem, de l’Alliance centriste et même des centristes de l’UMP, on s’aperçoit qu’ils sont prêts à travailler ensemble.
N’est-il pas trop tard pour 2012 ?
Je ne crois pas. Et puis il n’y a pas que l’élection présidentielle, il y a aussi les législatives. Il faut au moins faire en sorte qu’il n’y ait qu’un seul candidat représentant la famille centriste dans chaque circonscription.
Quel profil pourrait avoir ce candidat unique du centre à la présidentielle ?
Il faut qu’il soit porteur d’un projet original, qu’il ait une valeur ajoutée spécifique, qu’il sorte de l’illusionnisme qui a trop marqué les pratiques politiques et la gouvernance publique. Et si nous avons un candidat, il n’est pas question qu’il aille aux élections en disant par avance l’indication de vote qu’il fera pour le second tour. Il n’est pas question de revivre 2007… En revanche, il faudra se positionner clairement entre les deux tours.
Les appels du pied de François Hollande envers François Bayrou sont de plus en plus insistants. Pourriez-vous, à titre personnel, le soutenir au second tour ?
J’attends de connaître son programme. Les premières indications comme les 60 000 enseignants supplémentaires, les 300 000 emplois-jeunes, la non-remise en cause des 35 heures, la retraite à 60 ans, me paraissent tellement contraires au devoir que nous avons d’assainir les finances publiques et de retrouver de la compétitivité… sans compter sur l’accord préélectoral entre le PS et les Verts. Tout cela ne me donne pas envie en l’état de soutenir un gouvernement François Hollande.
Un gouvernement d’union nationale est-il envisageable voire souhaitable ?
Les grandes réformes que nous avons à accomplir ne pourront pas être mises en œuvre un camp contre l’autre. Il faudra certainement une majorité centrale…
François Fillon vous a missionné sur la zone euro. Un moyen de vous « garder au chaud » ?
Je suis profondément indépendant. Je connais bien Fillon, il a été élu à Sablé dans une circonscription voisine de mon département. Il y a entre nous une vraie relation d’amitié et de confiance.
Que reprochez-vous, au fond, à Nicolas Sarkozy ?
De ne pas avoir tenu l’objectif d’équilibre des finances publiques. Et puis certaines réformes qu’il n’a pas accomplies comme celle d’un autre financement de la protection sociale.